vendredi 8 juin 2012

AVOIR LE BAC A 15 ANS

J'aurai voulu vous raconter mes histoires sentimentales avant de faire ce post, au moins les plus grandes, les plus blessantes. Mais pour ne pas être surpris d'un ou deux détails, je pense devoir passer par cette case. Cet article n'a absolument pas pour but une éventuel vantardise. Je suis peut-être fière d'avoir de l'avance scolaire, mais j'en ai aussi énormément souffert, et aurai finalement préféré être "normale". La normalité est un bien vaste mot mais bon... 

Tout ça a commencé très tôt. Dès mes 3 ans, j'ai commencé à demander à ma maman ce qu'était le baccalauréat ou la philosophie. Et puis je réclamais constamment qu'on me lise des histoires, aussi. Au bout de quatre livres en seulement quelques heures, ma maman en avait marre, vous l'imaginez bien. Alors je prenais les livres et tentais de lire seule. Je lui posais des questions pour comprendre telle ou telle lettre, mais petit à petit j'y arrivais. Et ça lui a fait peur. Elle a commencé à cacher tous les livres de la maison. J'étais déjà bien trop mâture pour mon âge, elle ne voulait pas que je grandisse trop vite. Elle en a parlé à notre docteur, et il lui a finalement dit de me laisser faire. Elle m'a acheté une sorte d'abécédaire, et j'ai appris. Et j'ai lu, seule. En seulement quelques années j'ai dévoré tous les livres de la bibliothèque rose, et quelques encyclopédies enfantines. 

Bien sûr, ça ne pouvait pas en rester là, j'ai commencé à poser des problèmes à l'école. Je posais trop de questions, j'étais pas intéressée par les papillons et les dessins de maison, je voulais apprendre. Mes maîtresses en pouvaient plus, alors je me faisais punir. Puis la psychologue scolaire a demandé la permission à ma maman de me faire passer des tests. Et le résultat est tombé. 151 de QI. Elle a proposé que je saute une classe, j'ai accepté car je m'ennuyais. Puis à la fin de la maternelle, je savais déjà lire et écrire, alors j'ai fais en une seule année CP et CE1. J'avais ainsi deux ans d'avance. C'était pas facile à l'école... Les autres se moquaient de moi. Le monde des enfants est très dur et injuste. 





J'ai déménagé avec ma maman et mes grands parents à la fin du CE2, on est tous partis dans le Sud. Nouvelle école, nouvelle adaptation difficile. Mon CM1 fut un enfer d'après mes quelques souvenirs. Et... Mon ancien directeur a contacté ma nouvelle directrice. Il savait que je devais sauter une troisième classe pour être à l'aise scolairement. Alors elle m'a fait sauter le CM2. Je me suis retrouvée en sixième, à 8 ans et demi, et dans un internat de surcroît. Un internat pour enfants précoces, à 300 kilomètres de chez moi. L'année la plus douloureuse de ma scolarité, et celle dont j'ai le plus de souvenirs. Les dimanche soir où je dînais à 17h, pour prendre le bus, arriver là-bas à 21h et vomir. Les mercredi après-midi à l'infirmerie, avec le professeur de japonais, malade comme un chien. Et mes grands-parents, qui faisaient les allers-retours pour venir me chercher, presque tous les mercredi. Je prenais du retard scolaire, j'étais mal dans ma peau. En plus, ce collège n'offrait pas une formation scolaire normal, on faisait les quatre années de collège en seulement deux. Je craquais totalement... Je me souviens du dernier soir à l'internat, très clairement. Je m'étais enfermée dans le foyer, dans le noir, m'étais allongée sur le canapé, et avais pleuré toutes les larmes de mon corps. On me cherchait partout. Puis on m'a retrouvée, et j'ai appelé ma maman. Je lui ai dis les pires horreurs qu'elle pouvait entendre : qu'elle aurait jamais du me mettre au monde, que j'étais pas faite pour vivre, que j'aurais été bien mieux morte. Le lendemain elle venait me chercher pour me ramener à la maison.

J'ai intégré une école privée en milieu d'année du coup. Mais jusqu'en quatrième, les moqueries ont fusé. J'en ai énormément souffert. Si je n'avais pas rencontré ma meilleure amie, je crois que j'aurai pas pu terminer ma scolarité. Elle a été la première à m'ouvrir son coeur. J'en reparlerai... Les moqueries fusaient toujours, mais elle était là. Puis pendant ma troisième il y a eu la dernière du trio. Toutes les trois, contre le monde entier. On a eu notre brevet, puis notre bac. J'étais toujours pas très intégrée, mais j'avais tout un groupe d'amis pour me soutenir, qui eux savaient que j'avais beau avoir trois ans de moins qu'eux, j'étais comme eux. A leurs yeux je n'avais pas 15 mais 18 ans. Et ça me faisait du bien.

J'ai eu mon bac assez difficilement, je n'avais jamais réellement travaillé. Puis il y a eu mes dépressions à répétition en terminale. Mais je l'ai eu. Mon bac S, avec les maths pour spécialité, et le grec et la langue des signes pour options. Je l'ai eu sans mention, certes, mais comme le dit ma maman, avoir son bac à 15 ans c'est une mention en elle-même... (:


2 commentaires:

  1. Quel parcours ! et je ne parle pas de scolarité. Quand on ne rentre pas dans les cases, comme c'est douloureux, et non même avec un chausse-pied, en tassant bien, ça ne rentre pas, mais la case elle est tellement difficile à élargir !! C'est très bien écrit avec modestie, force, merci d'avoir partagé ce bout de ton histoire. C'est inspirant et ça donne à réfléchir. Quel courage tu as (eu) ! J'ai hâte aussi, à l'occasion, d'en savoir plus sur ce trio d'amies. Bises Alice !

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    1. J'en reparlerai très vite, de mon trio d'amies ;) ♥

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